Ayn Rand – La grève (atlas shrugged)

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« La seule chose importante pour eux, c’est que rien ne puisse leur être reproché. » Magnifique respiration intellectuelle et pratique en ces temps des innombrables droits à tout, à l’enfant, au toit, au boulot, au bonheur sans pour autant ne devoir rien qu’à se réclamer de ses besoins.

1957 – 2013, 56 ans ! Cet incontournable roman philosophique de la pensée – horresco referens ! – libérale outre-Atlantique marqué par l’innommable sceau de la liberté et de la responsabilité individuelle aura mis 56 ans pour être traduit en la République Populaire de France.

L’homme capable d’exploiter cette mine n’aurait aucun besoin de mes conseils. Et celui qui en aurait besoin ne me serait d’aucune utilité. Hank Reprend in petto

La force de la vision d’Ayn Rand est telle qu’à la lecture des 1 100 pages de son ouvrage vous en viendrez à vous questionner sur la définition d’un régime politique où plus de 50% de la richesse nationale est capturée par ceux qui ne la fabriquent pas et redistribuée à la fois aux pauvres fabriqués par le système et aux prébendiers des grandes entreprises en mal d’innovation et d’adaptation au monde réel.

Comment peut-on s’assurer un minimum de sécurité et organiser l’avenir si tout change en permanence? s’inquiète James Taggart le capitaliste fatigué d’innover et prêt à se vendre à la planification étatique. Ecrit en plein combat contre le communisme, la pensée de Ayn Rand reste si vive que 1 000 000 ont trouvé preneurs depuis 2008. Une telle influence au coeur de l’Empire ne peut que tenter le lecteur curieux. Saluons cette pensée radicale qui, si l’on est pas d’accord avec l’ensemble de ces effets, convoque des prémisses vivifiants: liberté, responsabilité, honnêteté et même égoïsme (si, si)…

Que l’intelligence viennent à disparaître de la surface de la terre, et les moteurs s’arrêteront aussitôt. Car c’est bien l’intelligence qui leur fournit l’énergie nécessaire à leur fonctionnement. Dagny Taggart in petto.

Le thème du roman est simple, son exploitation est brillante. Sous la pression intellectuelle des progressistes de tous poils, les politiciens prédateurs, les prébendiers et le capitalisme de connivence prennent le pouvoir étranglant les créateurs de richesses et les compétents. Ces innovateurs se mettent en grève. Les compétents démissionnent. Les créateurs disparaissent. Et ainsi est démontré que la création de richesse est un acte individuel, que, sans les cerveaux d’exception, il n’y aurait pas de richesses à partager et que l’égoïste intelligent, à l’image de Ford, produit pour ses clients et ses employés pour son plus grand bénéfice.

«On ne peut rien contre ceux qui viennent. Sinon s’enfuir encore plus loin…» Jean Raspail in Septentrion

Dans bien des dimensions, cet ouvrage me rappelle Septentrion de Jean Raspail. Les derniers compagnons refusant la grise uniformité se regroupent. Ils sont les derniers hommes libres.

Une critique ? Certes mais sans oublier que j’ai bu les 1 100 pages en quatre jours. Les personnages peuvent paraître caricaturaux tant ils sont beaux et intelligents d’un bord et noir d’un autre ; les amourettes très fleur bleues, tout est très matérialiste et relié à la production de richesses et leurs échanges, et les développements sont parfois longs allant jusqu’à la tirade de John Galt de la page 1006 à la page 1068 résumant la philosophie sous-jacente. Etonnant.

« Evite d’exprimer une opinion quand on ne t’as rien demandé. Tu t’épargnerais l’embarras de découvrir ce qu’en pense ton interlocuteur. » Franciso à James

Et demain…

…à la prochaine annonce du gouvernement qui distribuera l’argent qu’il n’a pas, à la prochaine décision couteuse d’un cadre dirigeant de grande entreprise, à la prochaine dotation à un cultureux, l’on se posera la question : Qui a travaillé pour créer cette richesse?

Merci mille fois à Philippe M.

Les Belles Lettres – Fondation Andrew Lessman, 1 100 pages, 30€ et la leçon de liberté n’est pas cher payée.

Lectori salutem, Pikkendorff

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