Guillaume Prévost manipule Philon d’Alexandrie (-20 av JC– 40 ap JC), pour nous faire découvrir Jérusalem en 6 ap JC, “Jérusalem, Jérusalem tout entière est un miracle ! Plus il la découvrait, plus Philon réalisait ce que la Cité du Très-Haut avait d’unique. Loin des mers et des cours d’eau, perdue au milieu de terres isolées, juchées sur des collines mal accessibles, à l’écart des routes et du commerce, jamais Jérusalem n’aurait dû voir le jour. Et pourtant, quelle puissance, quelle vie !”
Depuis qu’Archélaos, fils d’Hérode a été chassé, à la demande du Sanhedrin, par Auguste, la situation à Jérusalem provoquée par l’occupation par les troupes romaines, est explosive. Demandez des détails à Aristobulus. Et notre excellent romancier & professeur d’histoire, prenant pour prétexte un meurtre peu commun, assigne à Philon une mission de détective nous introduisant, comme des petites souris, des curieux, voir des intrus, dans le milieu complexe de la communauté avec ses luttes de pouvoir sans compter la résistance à l’Empire.
Comme d’habitude, Guillaume Prévost en profite pour distiller des informations sur la vie locale comme Après s’être lavé soigneusement dans la première piscine, Philon descendit les marches qui menaient à l’intérieur du bain rituel. […] C’était en effet le privilège des riches que d’avoir leur propre miqveh, la plupart des habitants de Jérusalem se contentant des bains que l’on ouvrait au public à coté du Temple.
L’atmosphère est très bien rendue. Le couple de héros est attachant. Le scénario est soigné. Nous sommes sous tension dans la foule des pèlerins à Jérusalem, inquiets sur les falaises arides de Qumran, curieux avec les Esséniens, interrogateur avec le Procurateur et dubitatifs avec le Sanhédrin et le rôle réel des Pharisiens et Saduccéens.
Une lecture intelligente et divertissante pour passer un agréable moment pour tout âge.
Il s’agit de la lecture d’un deuxième livre de Guillaume Prévost. Le même sentiment vient à l’esprit pour les deux livres : ce détachement, ce recul par rapport à l’histoire, au roman, ce manque d’implication personnelle. J’ai ressenti la même chose lors de notre rencontre au club de lecture, Parole d’Encre, en 2010.
Citons l’épigraphe : “Sors enfin du discours, de peur que, passionné par la beauté des mots, tu ne deviennes étranger à la beauté des choses que ces mots signifient !”
Philon d’Alexandrie in De migratione Abrahami
Lectori Salutem, Pikkendorff