JEAN RASPAIL – LES VEUVES DE SANTIAGO

Posted by

Le plus arriéré de ces valets avait plus de noblesse dans sa botte que l’homme des villes dans son cœur desséché.”

Notre écrivain-voyageur, au sortir de la 2ème guerre mondiale, a arpenté le continent sud–américain et ses deux relations de voyages Terre de Feu – Alaska et Terres et Peuples Incas ont connu un grand succès. A l’instigation du Figaro, Jean Raspail reste cinq mois au Pérou dans l’hacienda de deux frères aussi grande qu’un département français à 200 km du lac Titicaca.

Réforme agraire oblige, le démantèlement de l’hacienda des Almagro, ces fils de compagnons de Francisco Pizarro, marque la fin d’un monde. Jean Raspail se souvient des hommes et des femmes au moment précis où vient la loi démocratique qui “étend peu à peu cette dégradante protection qui fait les hommes faibles” ; “on ne tue plus pour une injure, et les hommes perdent leur honneur.”

Le moment qui les renvoie dans les limbes de l’histoire. Il en tirera ce roman en 1962.

Introuvable, il fallut la ténacité d’Anne Brassié et l’audace des éditions Via Romana pour obtenir, avec l’accord de Jean Raspail, cette magnifique réédition reliée et illustrée en couleur par Yan Méot.

Le sauvetage d’une terre menacée, la passion de posséder et de dominer, les âpres impulsions de la sensualité et de la jalousie, dans une solitude agreste et sauvage, tels sont les thèmes qui tissent la progression dramatique intense d’une histoire où se côtoient la violence, le désespoir et la grandeur de vivre.

A 4 000 mètres, l’altiplano péruvien. La puna.

“Tout de suite elle avait donné sa foi à la sombre puna qui modèle les gens et les bêtes, au soleil des Andes qui brûlent les corps, aux tempêtes qui les glacent, à ces paysages désolés qui exaltent les âmes fortes et dissolvent les faibles.”

“Sentiments simples, spontanés, puissants mais fugitifs qui liaient sans passions ni doutes les hommes et les femmes de la puna . Un verre de pisco, un sourire, une nuit d’amour, un enfant qui pleure, un lama qui souffre, un homme qui meurt…la vie qui passe. Il en saluait chaque instant avec la même chaleur, et le même détachement.”

Après quatre siècles de présence espagnole et de l’église catholique, les Indiens, en ses terres désolées, conservent Viracocha et les cairns de Huaca, la langue quechua et la chasse aux vigognes. “Dans un pays sans avenir, la connaissance du passé suffit à la réputation du devin.”

“Comme la plupart des Indiennes évoluées, elle portait un chapeau melon.”

Préfacé par Anne Brassié, illustré avec talent par Yan Méot, Editions Via Romana, 2010, 255 pages, 28€uros

Lectori salutem, Patrick

Inscrivez-vous pour recevoir une notification mensuelle des dernières chroniques !

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *