“Audubon aurait été partout ailleurs un grand philosophe, un grand orateur, un grand poète, un grand homme d’Etat, un Jean-Jacques Rousseau, un Montesquieu, un Chateaubriand. Là il n’a pu être qu’un naturaliste, un peintre et un descripteur d’oiseaux d’Amérique, un Buffon des Etats du Nord, mais un Buffon de génie, passant sa vie dans les forêts vierges (…) et écrivant avec l’enthousiasme de la solitude quelques pages de la grande épopée animale de la création.”
(Lamartine, Cours familier de littérature, Paris, 1865)
Une énième enquête de l’inspecteur Pendergast à éviter sauf pour les inconditionnels absolus.
Dans un manque total d’atmosphère, un scénario tiré par les cheveux, les auteurs développent, étalent, diluent, dispersent, délayent, lassent et ennuient ; La famille Pendergast en long, en large et en travers depuis 3 ou quatre générations ; la Louisiane pour les nuls grâce aux guides touristiques.
L’histoire : Flashback de 12 ans dans la vie de Pendergast. Pendergast est jeune marié et Hélène, l’épouse en question perd la vie dans une chasse au lion. Douze ans plus tard, Pendergast découvre l’indice reclassant l’accident de chasse en assassinat. Chasse à l’homme accompagné du fidèle D’Agosta et de sa copine Laura Hayward mettra aussi la main à la pâte.
Un thriller annuel de 2002 à 2007 puis de deux depuis 2008 auxquels s’ajoutent les romans annuels de Preston en solo depuis 2007 soit 24 romans en 10 ans ! Nos deux écrivains compulsifs ont démontré un talent certain créant des atmosphères lourdes, des situations complexes et des personnages étonnants. J’ai adoré la Chambre des curiosités par exemple. Aujourd’hui il est urgent qu’ils prennent trois ou quatre ans de vacances puis deux ans pour écrire de nouveau un thriller en abandonnant Pendergast, sa tonne de documentation associée et les habitudes acquises.
La découverte de ce livre :
Le plus français des américains, Jean-Jacques Audubon (1785-1851), trente années de vie au fond des bois, dans les bayous, sur les rivières et les montagnes, parmi les trappeurs et les derniers indiens. Trente années de voyages, de la Floride au Labrador, des Carolines aux Rocheuses, à cheval, sur les premiers bateaux à vapeur et le plus souvent à pied ou en canoë.
Son œuvre majeure : les Oiseaux d’Amérique, 435 planches au format « double-éléphant-folio » (39″1/2 x 29″1/2 soit 100 cm x 75 cm) représentant tous les oiseaux du continent nord-américain avant la destruction de nombreuses espèces par les conquérants de l’Ouest. Le succès des Oiseaux d’Amérique est lié à leur qualité à la fois artistique et naturaliste, et surtout à l’amour d’Audubon pour la « tribu à plumes », qui rayonne de ces immenses aquarelles. > En savoir plus sur les Oiseaux d’Amérique (article d’Henri Gourdin)
Aujourd’hui, la National Audubon Society (600.000 membres) est la première organisation américaine de protection de la nature. Sa vigilance a permis de sauver plusieurs espèces menacées.
”Quand je réfléchis que les bois s’en vont, disparaissant à toute vitesse, le jour sous la cognée et la nuit dévorés par le feu, quand je vois, enfin le trop-plein de l’Europe s’acharnant avec nous à la destruction de ces malheureuses forêts, quand je me dis que vingt ans ont suffi à ces changements extraordinaires, alors malgré moi, je m’arrête, saisi d’épouvante.“ (J-J Audubon, 1820, Kentucky)
L’Archipel, 480 pages, traduit de l’américain par Sébastien Danchin, titre original Fever Dream, 24€ !
Lectori salutem, Pikkendorff