“Mais le souvenir se dissipa aussitôt, tel un bateau qui sombre à une vitesse terrifiante.”
Je viens de fermer l’extraordinaire Chronique japonaise de Nicolas Bouvier. Le choc est terrible. Le manque de respect du lectorat criant. Le manque de travail évident. Un roman à l’image de cette faible et pompeuse phrase-titre. Vendu trompeusement comme tenant du genre Policier, certes plus vendeur, ce roman psychologique pour névrosés est une vaine tentative de description des sentiments agitant les deux partenaires d’une relation adultère ainsi que leurs familles respectives.
Dès la première page l’auteur nous assène 10 mots chocs en dix lignes : cauchemar, épouvantée, sinistre affreusement, sombre, terrifiant, désespérée, naufrage… Procédé bien malhabile. Les premières pages désenchantent rapidement le lecteur tant l’écriture est lourde. Le manque de travail sur le texte est criant. Natsuo Kirino n’a pas effectué ce nécessaire travail de polissage de la première inspiration logiquement décorée de redondances et de poncifs. Comme dit l’écrivain en page 25 “Les véritables hommes de lettres ont disparus.”
Et pourtant les 25 pages du monologue vivant et personnel de Motoko démontrent un talent littéraire toujours présent.
La traduction ? L’on pourrait critiquer le traducteur, certes. Mais Traduttore, traditore. Le texte initial manquant de polissage et n’ayant de policier que la première de couv’, Claude Martin ne pouvait décemment pas réécrire un roman.
Et à mi-chemin, le livre me tombe des mains. Un autre roman m’attend. Un autre monde…
J’ai lu ce roman dans le cadre du concours du Policier Seuil de BABELIO
Edition du Seuil, traduction Claude Martin, 2011, 275 pages, 20€
Lectori salutem, Pikkendorff
Nicolas Bouvier – Chronique japonaise