« Ne sois pas naïf. Le Blanc en toi est encore trop fort. Tu n’arrives toujours pas à concevoir qu’un État puisse être à vendre. Ils ont déjà acheté Bissau et Conakry. Bamako et Dakar ne résisteront pas longtemps. Ici, tout est à vendre et ils ont tellement d’argent. »
Détective privé, ancien du 36, Solo est engagé par la sœur de Bahia, une jeune mule pour trouver quelques éléments à décharge. Bahia assassinée quelques pages plus loin, Solo violemment agressé chez lui, l’affaire prend une tournure personnelle. D’un ton léger rempli d’humour, s’inspirant de faits réels et de son expérience personnelle, Laurent Guillaume proposer un excellent polar nous entraînant aux plus hauts sommets des institutions corrompues du Mali. À force d’être rackettés, les citoyens de ce pays ne peuvent plus blairer tout ce qui porte un uniforme bleu ciel.
Lieutenant de police au stups, puis en poste quelques années au Mali, en disponibilité depuis 2012, Laurent Guillaume a déjà 7 romans policiers à son actif et sa plume vive au ton amusé, détaché, fait mouche. L’amateur de polars aimera surement ces 5 heures de promenade malienne en compagnie de Solo, un détective privé bien campé.
Pierre était d’une vieille famille chrétienne, ce qui avait nui à son avancement, les meilleurs postes étant réservé aux musulmans.
Laurent Guillaume, sans jamais porter de jugement, distille des informations parfois tues sur ce pays à la corruption endémique, ce rassemblement de populations hétérogènes où les chrétiens sont des citoyens de seconde zone, cette immensité du nord particulièrement disputées et les richesses minières du Sud dont on ne parle pas à la télé. Au Mali, un commissaire de police ne peut pas vivre de sa solde, encore moins un flic d’un grade inférieur.
Le Polar : Excellent sans conteste.
Géopolitique : Si Laurent Guillaume le ne dit pas, le lecteur, lui, pourra penser que la guerre au Mali pourrait avoir les ressources minières pour origine.
Gallimard, Folio Policier, 2013, 280 pages, 7€ le voyage au Mali
Lectori salutem, Pikkendorff