« Nous ne nous apercevions pas qu’on nous trompait sur la marchandise, en partie au moins parce que nous étions déjà
convaincus. Certes, Luna ne subissait aucune attaque, mais c’était au concept de la loi et de l’ordre que nous jurions allégeance. »
Des siècles auparavant les humains décimés trouvèrent refuge sur quelques mondes dont la Lune, Luna survivant grâce à une discipline sociale et le développement technologique. Dans ce contexte richement décrit avec humour et sagacité, Chris Bach et son chien augmenté Sherlock partent sur les traces d’une mystérieuse lépreuse en s’enfonçant dans le mal connu et à la réputation douteuse depuis la Grande Panne : IronTown.
Vous aimerez ce livre pour Sherlock, un Saint-Hubert (70 cm au garrot et 50 kg tout de même) bavard et fidèle, pour l’imaginaire et la fantaisie de John Varley. Vous n’y trouverez pas un polar à l’américaine en mode tourne-page mais une fantaisie agréable à lire pour tous.
De la censure aux USA et pas encore en France
Le roman en langue française n’a pas fait l’objet des modifications de points délicats. Et il ne m’a pas été possible d’en trouver le moindre.
« Saviez-vous qu’un bon paquet de directeurs littéraires, et même certains auteurs, emploient désormais des gens qu’on appelle des « détecteurs de points délicats » ? Leur travail consiste à lire votre bouquin et à vous prévenir s’il contient quoi que ce soit qui pourrait choquer quelqu’un, quelque part, à quelque moment que ce soit. Si ces lecteurs repèrent dans un roman un élément susceptible d’offusquer un groupe de lecteurs sensibles, l’auteur peut se voir soumis à une pression considérable pour le réécrire ou le retirer.
C’est comme ces « signaux d’alerte » populaires qui infestent les campus d’université de nos jours. Si quelque chose dans un livre est trop terrifiant pour que les gens l’affrontent — des choses effrayantes comme évoquer l’esclavage ou écrire une scène de viol —, certains étudiants exigent à présent qu’on les mette en garde de façon à éviter un ouvrage qui pourrait les troubler.
On m’a encouragé à effectuer quelques changements pour rendre le manuscrit plus politiquement correct. Je ne dis pas qu’il s’agissait de choses énormes. Ce n’était pas le cas. Mais le livre (ou sa traduction) que vous tenez actuellement entre vos mains est l’édition approuvée par l’auteur de ce roman, avec toutes les modifications retirées. Et, chers lecteurs, je peux vous assurer que si vous trouvez dans un de mes romans quelque chose qui vous dérange ou vous effraie… mon but était bien de vous déranger ou de vous effrayer, bordel ! »
Traduit de l’américain par Patrick Marcel
Denoël, 2019, 260 pages pour un mérité 21,90€
Lectori salutem, Pikkendorff