Etonnant livre. Un roman composé de 4 personnages clefs au sein de la société hongroise à la campagne en 1913 et 14. Le héros au cours d’une soirée invite à danser la fille de la maison. La gaffe ! Elle est paralysée. Il va se développer une relation complexe entre lui, elle, la sœur, le père et le Docteur. Captivant. Certains, comme mon ami Hubert, pourront le trouver un peu mélo-pathos mais cela convient bien à ce Lieutenant de Uhlan de la société hongroise au seuil de la déflagration de la première guerre civile européenne.
Au fil des pages une impression devient certitude. Le roman n’est rien. L’histoire, les évènements ne sont qu’une trame permettant à Stefan Zweig d’écrire une dissertation de prés de 400 pages sur la Pitié. Bonté, pitié, amour, lâcheté, courage, ridicule, manipulation, détresse, joie…rien n’est épargné au personnage principal, le lieutenant Hoffmiller. Les sentiments vécu et décrits par ce jeune homme sont si intenses que l’on se prend à vouloir connaître le point de vue des autres acteurs comme Sandor Maraï a su le faire dans Métamorphose d’un Mariage. Le bon Docteur Condor et sa vision des malades et sa pitié, Edith elle-même la jeune paralytique, son père le juif enrichi en cette campagne et surtout la sœur d’Edith, Llona, dont l’abnégation doit cacher son lot de souffrances sans oublier les amis Hoffmiller, les officiers du régiment qui portent un regard digne de l’antijudaïsme du XIXème siècle sur cette famille de juifs enrichis.
Bonne lecture, Patrick