Robert Brasillach – L’enfant de la nuit

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Le deuxième roman de Robert Brasillach n’est écrit qu’en 34 soit deux ans après Le voleur d’étincelles (en savoir plus…) et trois ans après son magnifique Présence de Virgile (en savoir plus) écrit alors qu’il était rue d’Ulm.

Ce roman moins autobiographique, créé à partir d’une histoire vraie notée en 33, nous offre toujours la magnifique puissance de sa poésie. Chacun des personnages – Mme Pluche, l’enfant muet, le cordonnier-poète, la diseuse de bonne aventure – sont croqués avec tendresse, amoureusement caressés de sa plume.

Paris 15ème, Vaugirard, une petite place, une vie, la vie, les gens, leurs histoires. Grâce au talent, à la poésie de Robert Brasillach, le commun devient exceptionnel, le vulgaire extraordinaire.

Et ce langage suranné : Passant devant la marchande de quarte saisons, dévorant sa plombière, elle profitait de la semaine anglaise s’étonnant devant ses femmes en cheveux et les Annamites.

Plaisir aussi de lire ce poète maudit dans la première édition de ses œuvres complètes de 1963, exemplaire numéroté sur chiffon de marais, préfacée par Marcel Aymé, annotée par son beau-frère Maurice Bardèche.

Je me suis trouvé là, dans ce Paris unique, dans cette ville des faubourgs et des cathédrales, dont la douce couleur grise est la couleur même de ma jeunesse. Il n’était besoin de rien d’autre. Il n’y a pas d’êtres ordinaires.”

Je les regardais venir de loin, image populaire de la jeunesse, gênants enfants prêts à tirer les sonnettes et à réveiller les voisin, mais agréables à voir, somme toute, amusants et jeunes surtout, irrémédiablement et admirablement jeunes.”

“J’appris à m’intéresser à tous ces mythomanes de la culture gratuite que rassemble les bibliothèques municipales : ils étaient pareil à ceux que j’avais pu connaître en province, autrefois, et formaient bien, en effet, la province de Pari, cette province formée instruite par les instituteurs, illuminée par la naïve idée du progrès et qui épelle l’histoire de la civilisation humaine de Zola et de Romain Rolland. Autour de ce tapis vert, pareil aux tapis des casinos, où montent des rêves ingénus et parfois dangereux, se perpétue cette race qui ne sait lire que depuis Jule Ferry et qui se lève, à cinq heures, des yeux pâles et myopes sur la pendule, règle sa montre, et, songeant toujours à la République et au Peuple, va rejoindre au café les compagnons des parties de cartes, ou à la maison la femme acariâtre et fidèle.”

“Le matin gris n’apporterait pas la paix. Il devait venir cependant, comme chaque jour, avec son aube aigre, son froid mouillé, ses nuages déchiquetés au-dessus de l’orient, avec son soleil invisible à Paris et ses pas résonnants dans les rues désertes. Il vient donc blanchit le carreau sale, fit retourner sur leur couche trempée les malades dans leur sueur, les couples anciens dans leur rêves solitaires, arrêta le somnambule sur le bord du toit, décrocha le volet rouge du bistro fumeux, ouvrit l’œil du chat pelotonné. ”

“Je l’ignorais. Peut-être jamais plus. Peut-être jamais plus. Mais dans ce soir velouté, dans cet air savoureux comme le jus des premiers fruits, que m’importait ! La vie était auprès de moi, devant moi, et la vie était douce.”

Lire les anars de droite et autres poètes maudits. Liberté chérie.

Lectori salutem, Patrick

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