“Partons, allons parler encore de ces tristes évènements. D’aucuns seront punis, d’autres seront pardonnés. Ah, jamais il n’y eut plus douloureuse histoire que celle de Juliette et de son Roméo !” William Shakespeare
Anne Fortier nous propose une œuvre de fiction très réussie grâce à un travail de préparation considérable, à une maitrise d’un ensemble des données historiques sur la très belle ville de Sienne et sur l’histoire de Romeo & Juliette et enfin ce qui n’est pas le moindre de nos plaisirs grâce à une intrigue travaillée, cohérente et créative.
A l’apogée de Sienne, Sena vetus, en l’an de grâce 1340, les grandes familles Tolomei et Salambeni s’affrontent. Défi, assassinats, trahisons, amours, Salambeni obtient la main de Giulietta Tolomei au grand dam de Roméo Marescotti. Certes Shakespeare situe l’action de son Romeo et Juliette (1595) à Vérone mais tout prouve que Sienne fut le vrai théâtre de l’histoire originelle.
De nos jours, à la mort de sa tante Rose, Juliette, catherinette américaine impécunieuse, se découvre descendante directe de Guilietta Tolomei. La voilà qui part à Sienne à la recherche d’un trésor, le trésor de Giulietta. Les cendres chaudes du passé, ravivées par ce nom au sein de cette petite ville inchangée depuis le XVème siècle, déclenche une série de drame mettant aux prises un Roméo, des Tolomei, des Salambeni et des Marescotti.
Les deux histoires se découvrent en parallèle, les intrigues se mêlent, les personnages se confondent, le lecteur est captivé cette aventure romanesque très bien traduite par Cécile Dutheil de la Rochère.
Ce livre est une invitation à découvrir la ville de Sienne, ses contrada, la piazza del campo, le palio, le palazzo publico , L’Hotel Chiusarelli où la jeune américaine prendra ses quartiers, sans oublier les palais des Salambeni(à gauche) et des Tolomei (à droite).
Donnons la parole à Hippolyte Taine dans son Voyage en Italie ( tome II, Paris, Hachette, 1866)
“Une ville ainsi conservée est comme un Pompéi du Moyen Âge. On monte et l’on descend dans de hautes rues étroites, pavées de dalles, bordées de maisons monumentales. Quelques-unes ont encore leur tour. Aux environs de la Piazza, elles se suivent en files, alignant leurs énormes bossages, leurs porches bas, leurs étonnantes masses de briques percées de rares fenêtres. Plusieurs palais semblent des bastions. La Piazza en est bordée, et nul spectacle n’est plus propre à mettre devant l’imagination les mœurs municipales et violentes des anciens temps. Cette place est irrégulière de forme et de niveau, étrange et frappante comme toutes les choses naturelles que n’a point déformées ou réformées la discipline administrative. En face, s’étale le Palazzo-Publico, massif hôtel de ville, bon pour résister aux coups de main et jeter les proclamations à la foule assemblée sur la place. On en a lancé bien des fois par ces fenêtres ogivales, et aussi des corps d’hommes tués dans les séditions. Une bordure de créneaux le hérisse; la défense, en ce temps là, se rencontre sous l’ornement. A sa gauche, une tour gigantesque élève à une hauteur prodigieuse sa forme svelte et son double renflement de créneaux; c’est la tour de la cité qui plante à la cime son saint, son drapeau, et parle de loin aux cités voisines. Au pied, la fontaine Gaja, qui pour la première fois au XIVe siècle, parmi les cris de joie universels, apporta de l’eau sur la place publique, s’encadre sous le plus élégant baldaquin de marbre.”
J’aime le billet de Marque ta page. L’histoire est en effet très rocambolesque ; il est difficile de savoir qui est méchant ou gentil ; Julie est parfois agaçante. Toutefois Sienne m’aura plus marqué.
Un partenariat avec l’excellent Blog-o-book.
Le site d’Anne Fortier et lui écrire juliet@annefortier.com
Michel Lafon, 2010, 394 pages, traduction par Cécile Dutheil de la Rochère, édité aux USA en 2010 sous le titre original Juliet.
Lectori salutem, Pikkendorff