DAN BROWN OU EZIL TORTIGNAC, DEUX THRILLERS AU CŒUR DE L’ENFER DE DANTE

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« Pour la damnable faute de gourmandise, comme tu vois la pluie me détruit et âme perdue je ne suis pas seule car toutes sont à semblable peine, pour semblable faute »

Et voilà qu’en moins de six mois, par deux fois, la Divine Comédie de Dante vient occuper les rêves des lecteurs après avoir hanté ceux des auteurs. Un parallèle entre les deux ouvrages s’impose. D’un coté Dan Brown peinant livre après livre à retrouver les ingrédients du succès considérable de son Da Vinci Code. De l’autre Ezil Tortignac, jeune auteur français, un beau manieur de notre langue à la profonde culture. Nous noterons deux les deux livres de 1 à 5 sur chacun des éléments constitutifs d’un bon thriller : le fond et la forme du scénario, le nombre de pages, la documentation et la langue française.

Que vaut un livre?
« … Un livre vaut à mes yeux par le nombre et la nouveauté des problèmes qu’il crée, anime ou ranime dans ma pensée… J’attends de mes lectures qu’elles me produisent de ces remarques, de ces réflexions, de ces arrêts subits qui suspendent le regard, illuminent des perspectives et réveillent tout à coup notre curiosité profonde… » P. Valéry (Variété V), O.C. Pléiade I (p. 871)

1 – Du scénario

Puisque thriller, il y a, l’attention est donc portée d’abord sur le fond et la forme du scénario.

Sur le fond, Brown 2 – Tortignac 4

Simplissime chez Dan Brown : un méchant, une menace planétaire, un traître se révélant aux 2/3 et une course poursuite. Vu 1 000 fois au cinéma, nul ne sera surpris. Chez Ezil Tortignac, l’intrigue est léchée, complexe sans jamais nous perdre, fait sourdre des émotions de peur ou de plaisir.

Sur la forme, Brown 1 – Tortignac 4

Chez DB, la technique américaine du tourne-page est trop visible. Si l’on prend plaisir à feuilleter l’ouvrage au gré de la course contre la mort, la technique est seule à l’œuvre. A contrario, chez ET, l’art d’écrire, de créer du rythme avec les phrases et les mots respire partout. L’on s’enfonce dans l’intrigue par la grâce de l’écriture.

B prend et rythmé contre la technique du tournepage à vide)

A propos de la fin, Brown 0 – Tortignac 4

Révélée dans les derniers ouvrages, cette faiblesse de Dan Brown est ici une vraie catastrophe. Comme le reste du roman, Ezil tortignac fignole sa fin pour le plaisir de ses lecteurs.

2 – Du nombre de pages, Brown 0 – Tortignac 4

Les trop nombreuses digressions touristiques ou de psychologie de bazar du futur traître condamnent Dan Brown à produire plus de 500 pages. De son coté avec ses 100 feuillets, Ezil Tortignac perce au cœur le lecteur sans s’offrir cette molle coulée, cette écriture automatique, marque de fabrique de l’auteur de Inferno dont nous parle Valéry Larbaud.

3 – Documentation et la culture, Brown 0 – Tortignac 5

La culture d’Ezil Tortignac lui permet de mettre en scène la Divine Comédie, de la porter comme un élément de décor. Le lecteur porté par l’ésotérisme, par les mystères sous-jacents devient acteur du roman. Dan Brown a rassemblé une documentation à peine digérée qu’il nous rend au fil des pages comme un mauvais guide touristique.

4 – De la langue française, Brown 0 – Tortignac 5

Incomparable. Malgré l’excellent travail des deux traducteurs, Ezil écrit, Dan pisse.

Résultat du match : Dan Brown 2 – Ezil Tortignac 4

J’espère que nombreux seront les lecteurs à préférer lire un livre plutôt que de parcourir un guide touristique.

Retrouver les critiques in extenso des deux ouvrages

Ezil Tortignac – L’enfer à portée de main

Dan Brown – Inferno

Lectori salutem, Patrick

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