PIERRE LEMAITRE – AU REVOIR LA-HAUT

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« Avec son allure aristocratique, il semblait à la fois terriblement civilisé et foncièrement brutal. »
Roman et thriller littéraire historique, Pierre Lemaitre révèle ici une œuvre maitrisée au style incisif et ciselé créant une palpable tension entre les personnages et le lecteur.

Novembre 18, à quelques jours de la fin de la boucherie, l’attaque de la côte 113 nous présente les héros du roman. Etonné d’être encore vivant après quatre ans, Albert Maillard, le comptable insignifiant, Edouard Péricourt, le fils de riche, Henri d’Aulnay-Pradelle, une vraie gueule d’empeigne, un gars du genre impatient, qui n’avait pas de vitesse de croisière : il accélérait ou il freinait ; entre les deux ,rien. Avec son allure aristocratique, il semblait à la fois terriblement civilisé et foncièrement brutal et Péricourt Père, le genre d’homme avec qui il était impossible de se fâcher quand il vous refusait quelque chose parce que ce qui vous restait, il pouvait aussi vous le retirer.

Si la mort et la boue sont au rendez-vous des premières pages, la guerre s’achève laissant place au roman. Nos héros se croisent dans les hôpitaux et les dédales de l’administration de la démobilisation à la française.

« En même temps, attendre, c’est ce qu’on fait depuis la fin de la guerre. Ici, c’est un peu comme dans les tranchés finalement. On a un ennemi qu’on ne voit jamais mais qui pèse sur nous de tout son poids. On est dépendant de lui. L’ennemi, la guerre, l’administration, l’armée, tout ça, c’est un peu pareil, des trucs auxquels personne ne comprend rien et que personne ne sait arrêter. »

Les aventures de nos personnages nous font découvrir mieux que beaucoup de livres d’histoires les années 20, celles des gueules cassées, des planqués de l’arrière et surtout de ces millions de morts qu’il faudra bien regrouper et même rendre à leur famille. Des enjeux de mémoire, de politique et de deuil personnel.

« Ces cimetières provisoires avaient donné lieu à l’établissement de registres, de plans, de relevés, mais quand il vous tombe dessus quinze ou vingt millions d’obus en dix mois – certains jours, un obus toutes les trois secondes- et qu’il faut enterrer deux cents fois plus d’hommes que prévu dans des conditions dantesques, les registres, les plans et les documents deviennent d’une valeur relative. »

Merci à mon amie Edith et à ma chère Florence de leur insistance pour me faire remonter ce livre tout en haut de ma PAL.
« Je te donne rendez-vous au ciel où j’espère que Dieu nous réunira. Au revoir là-haut, ma chère épouse. » Jean Blanchard fusillé pour traitrise en Décembre 1914 et réhabilité le 29 Janvier 1921.

Albin Michel, 2013. Seulement 563 pages pour un très mérité 22,50€

Lecturi salutem, Patrick

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