Olivier Truc – Le dernier lapon

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« Aslak ne lui rendit pas son sourire. Il regarda l’homme, longuement, mâchoire serrée. Et il vit que le mal était revenu. »
Kautokeino. Jeudi 13 Janvier. Lever du soleil : 10h41, coucher du soleil : 12h15, 1h34 d’ensoleillement. En 24 heures deux grosses affaires font exploser les statistiques du commissariat de Kautokeino. Le vol d’un inestimable tambour traditionnel et l’assassinat d’un chaman éleveur de rennes ramènent à la surface les haines recuites fruits de l’histoire complexe de la Laponie sur les trois derniers siècles.

Un polar mais pas que…
Salué par la critique et le public, honoré par de nombreux prix, le premier roman de Olivier Truc, est à la fois un polar pas trop noir et une plongée dans l’histoire du nord du nord de notre continent. Si les connaissances accumulées du journaliste documentaliste installé à Stockholm en forment le solide substrat, l’on admirera surtout le considérable travail d’affinage du texte, des situations et l’élaboration des personnages complexes permettant une mise sous tension de l’ensemble au service de l’intelligence et du plaisir du lecteur.

Cette histoire commencée en 1693 en Laponie centrale, connut des soubresauts dans les années 30 avant de jaillir, tel un geyser islandais, à Kautokeino au mois de Janvier bouleversant la vie de la communauté. Klemet Nango et Nina Nansen, de la police des rennes, ne comptèrent pas leur peine nous emmenant à bord de leurs scooter des neiges à la découverte des 400 000 km2 de la Laponie et de ses 150 000 habitants lapons et rennes à cheval sur les territoires finlandais, suédois, norvégiens et russes.

Du fond des gumpi à l’étendue de la vidda, Klemet et Nina courront sus un assassin, un voleur, prospecteur minier, un violeur, une carte au trésor, un mystérieux joïk, un tambour mystique….
Et le lecteur, au détour de cette chasse découvrira les laestadiens, les relations conflictuelles entre les samis et les états colonisateurs avec la guerre de religion, la fin de la transhumance vers l’élevage des rennes ou la domestication du quadrupède et des indigènes, l’exploitation de l’uranium et toujours le froid, la nuit…

Une religion matriarcale à méditer
Madderakka, la femme-chef, et ses trois filles : Sarakka qui transfert l’âme dans le fétus donnant la vie, Juksakka qui transforme les filles en garçons car tous naissent filles et Uksakka la gardienne. Ces personnages centraux de la religion lapone, chantés dans les joïks et transmis par les dessins des tambours traditionnels détruits par les luthériens, n’offrent-ils une perspective moderne à méditer.

https://archive.org/stream/4SC1734NOR#page/n27/mode/2up

L’histoire de la Laponie de 1688 de Scheffer

Crédit photo de Rennes à www.visitfinland.com/fr

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