Jean-Christophe Rufin – Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi.

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« Rien n’avait disparu. C’est une erreur ou une commodité de penser qu’un tel voyage n’est qu’un voyage et que l’on peut l’oublier, le ranger dans une case. Je me saurais pas expliquer en quoi le chemin agit et ce qu’il représente vraiment. Je sais seulement qu’il est vivant et qu’on ne peut rien en raconter sauf le tout, comme je m’y suis employé. C’est bien pour cela que, d’ici peu, je vais reprendre la route. Et vous aussi. »

La passionnante et profane randonnée de Jean-Christophe Rufin sur les chemins de Compostelle se termine sur ses mystérieuses paroles à propos d’un chemin vivant dont on ne peut rien raconter sauf le tout. Ni un journal, ni un témoignage, juste quelques pages divinement écrites, souvenirs des plus de 800 km de promenade pédestre par le camino del norte, l’œil rivé sur les bornes, flèches et inscriptions, le credencial en main, les ampoules au pieds, de camping en gîtes, sous la pluie, le soleil ou le vent, par l’Euskadi, la Cantabrie et les Asturies, le chemin travaille sur chacun.

Première semaine. L’enchaînement des jours, la constance de l’effort, l’accumulation de la fatigue. Le voyage commence. Le chemin est une alchimie du temps sur l’âme.

Pourquoi partir ?
Comme ces découvertes qui détruisent tout ce qui les a précédé, le pèlerinage de Compostelle, tyrannique, totalitaire, fait disparaître les réflexions qui ont conduit à l’entreprendre

Que l’on soit parti pour la randonnée ou pour toutes autres raisons, il semble que l’on ne revienne pas indemne de la promenade. À mesure que la vie vous façonne, vous leste de responsabilités et d’expériences, il paraît de plus en plus impossible de devenir un autre, de quitter le pesant costume qu’ont taillé pour vous vos engagements, vos réussites et vos erreurs. Le Chemin, lui, accomplit ce miracle.

A lire et relire, à offrir aux croyants et aux athées, le Chemin s’offre à tous, et le livre, lui, vous saisit et vous entraîne vers cet inconnu, ce vide, cet ailleurs

On aperçoit déjà ce qui fait la nature profonde du chemin. Il n’est pas débonnaire comme le croient ceux qui ne se sont pas livrés à lui. Il est une force. Il s’impose, il vous saisit, vous violente et vous façonne. Il ne vous donne pas la parole mais vous fait taire.

Editions Guérin, Chamonix, 2013, 259 pages, un billet de 20€ pour un voyage au-delà de soi.

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