*Il voulait être un chef d’Etat, encore eût-il fallu qu’il fût un chef, et qu’il y eût un Etat.
Fin connaisseur de l’offre politique, des lignes de fractures anciennes ou nouvelles, du théâtre des partis et des contraintes des média, Geoffroy Lejeune propose un excellent récit de politique fiction, ce genre devenu à la mode dans les rédaction depuis un an ou deux à l’image de l’Opinion, du Figaro ou de Valeurs Actuelles avec l’excellentissime Bercoff alias Caton.
L’exercice est difficile, les écueils sont nombreux. En effet si les épisodes sont fictionnels, ils se déroulent dans un paysage politique aux personnages bien réels. L’ouvrage se doit d’éviter de devenir un essai, un livre partisan déguisé en fiction comme le catastrophique La Présidente de François Durpaire et Farid Boudjellal à l’exergue démonstrative : vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.
Brillamment Geoffroy Lejeune évite les pièges du genre et pointe du doigt les lignes de tension secouant le pays aujourd’hui sous la double pression d’un chômage et d’une immigration de masse et rendant les définitions des droites et gauches obsolètes. Les libertés économiques (Etatisme ou libéralisme) et sociétales (Mariage ou Manifs pour Tous), les effets de la mondialisation, centripète (nationalisme) ou centrifuge (mondialisme)….
La plume juste croque les hommes et les situations. En témoignent ces quelques passages. De François Hollande :Les gens voyait en lui un benêt, nageant dans un costume trop grand, alors qu’il est sans doute le plus grand virtuose de son époque en matière de calcul politique. De Nicolas Sarkozy : un hamster dans sa roue condamné à courir de plus en plus vite et que la vitesse finirait par tuer. Son insincérité était devenu flagrante. Il était usé. De Valls, légitime pour remplacer Hollande mais ligoté à Matignon, sans troupe, enchainé au destin du Président. De Marine Le Pen, son étatisme, son fiscalisme, son socialisme en somme, sera le tombeau de Marine.
Intéressé par la chose publique je ne le suis que des idées et fuis les systèmes. Ce livre est suffisamment ouvert et bien écrit pour que j’en recommande la lecture tout en prévenant que ce livre, comme tous les ouvrages de politique-fiction, est devenu obsolète le jour de sa sortie.
Eric Zemmour n’est pas devenu Président par hasard, il l’est devenu par accident.
De Gaulle à propos de Albert Lebrun
Ring éditions, 2015, 241 pages
Lectori salutem, Patrick