« Il n’est pas nécessaire d’entendre une langue pour la traduire puisque l’on ne traduit que pour des gens qui ne l’entendent point.* »
Recueil d’articles de fond sur le thème sourcier – cibliste, ces concepts inventés en 1983 par l’auteur qui font débat depuis que la nécessité de traduire existe. Ce maître-livre pour qui fait profession d’offrir des textes ne sera pas facile d’accès pour le vulgaire tant la langue de Jean-René Admiral, philosophe, linguiste et traducteur, est précise et riche.
« A quoi, à qui, une traduction doit-elle être fidèle ? à la langue-source ou à l’esprit de ce qu’il faudra rendre dans la langue-cible ? Il y a là une antinomie entre deux modes de fidélités possibles. Toute traduction existe dans la tension entre ces deux exigences, nécessaires et contradictoires qui la définissent. »
Agacé par le scientisme des sciences humaines tentant de copier le positivisme des sciences dures, Jean-René Admiral pose superbement que « les oppositions théoriques qui alimentent les débats dans le champ d’études des sciences humaines sont moins souvent dépassées qu’elles ne sont déplacées. »
« La communication est un cas particulier du malentendu. » Bourdieu
« Littera enim occidit, spiritus autem vificat. La lettre tue, mais l’esprit vivifie. » Saint Paul, 2ème épitre aux Corinthiens, 3, 6.
*Le Seigneur Bloculocus au Sultan Mangogul in les Bijoux Indiscrets de Diderot.
Les Belles Lettres, collections Traductologiques, 280 pages, 25€
Lectori salutem, Patrick