« Le poème de Verlaine possède ce caractère incertain, la voix de l’obscurité et la musique de l’âme, la noble incohérence que, dans leur exubérance douloureuse, bégayante, les sentiments doivent avoir ; voilà qui reste très certainement étranger aux intelligences commerçantes. »
Si les traductions en allemand de Émile Verhaeren ou de Romain Rolland du francophile et francophone Stefan Sweig sont connues, l’essai biographique de 1904 qu’il consacra à Paul Verlaine est passé inaperçu puisque jamais traduit. Remercions donc le Castor astral et Corinne Gepner.
Le lecteur, pris par la main et le cœur, entend se dresser le portrait d’un être d’une faiblesse émouvante, tout entier livré au moindre souffle du destin, à la moindre émotion, au moindre sentiment, et pour cette raison même tout entier poète, tout entier homme détaché de lui-même, tout entier mélodie.
La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée
Ô bien-aimée.
L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure…
Rêvons c’est l’heure.
Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
du firmament
Que l’astre irise…
C’est l’heure exquise.
In La Bonne Chanson, le firmament de Paul Verlaine. Entendez-vous la musique ? Ce frémissement de l’air, cet infini immatériel, qui- intellectuellement insaisissable- touche l’âme en vagues ardentes.
Editions Le Castor astral, collection Les Inattendus, 2015, 150 pages, 14€ pour la traduction…
Lectori salutem, Patrick