M.J Engh – Arslan

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« L’homme est l’homme. Mais il est possible d’éliminer les pratiques qui causent des dégâts irrémédiables. Le monde pourra se rétablir mais il a été irrémédiablement marqué, défiguré, violenté ; la civilisation ne se reconstruira pas, ou au pire elle se reconstruira lentement. »
Extraordinaire roman de politique fiction écrit en 1976 en pleine guerre froide et peur de l’hiver nucléaire. Le réécrirait-on aujourd’hui qu’il suffirait d’ajouter un zest de réchauffement climatique pour le réactualiser.

Quelques jours après un sommet Russie, Chine, USA, les forces armées sont mises sous le commandement d’Arslan Khan, un général turkmène, celui-là même qui négocia pour le compte des russes et des chinois. Bruits de bottes, couvre-feu, enfants pris en otage, viols et enlèvements, Kraftsville, Illinois est devenu le centre du monde, plus de gouvernement, plus de politiciens et d’affairistes, juste ce face à face entre Franklin, le maître d’école et Arslan, la force sauvage.
« Qu’est-ce qui rend un pays facile à manœuvrer, mon Général ?
L’organisation et la centralisation. Plus il est centralisé, plus il est facile à prendre. Plus il est organisé, plus il est facile à contrôler. »

Le christianisme a eu sa chance ! La monde a été marqué, défiguré, violenté par la civilisation. Il est nécessaire de réduire la population et d’éliminer les pratiques qui ont causé des dégâts irrémédiables : fin du commerce et des voyages, autosuffisance et arrêt de l’industrie, stérilisation des populations et même quelques maladies mortelles.
La vie à Kraftsville pendant l’instauration d’un plan que ne renieraient pas nombre d’écolos radicaux est passionnante. Tout y passe. Les mouvements de résistance individuels et collectifs, les collabos, la force créatrice face à l’adversité. La vie, cette anarchie venue du chaos, l’emportera-t-elle ?
À mon zénith domine une étoile éclatante
Qui brille peut-être jusqu’à la fin des cieux,
Nourrie de l’inépuisable lie de la terre toujours renouvelée

Cette puissante narration à double voix – Bond et Hunt, l’un en opposition frontale, l’autre, enlevé à ses parents, au cœur de la vie du maître – nous fait détester et aimer Arslan.
Odi et amo. Quatre id faciam, fortasse requiris.
Nescio; sed fieri sentio, et excrucior

Catulle (87-54 av. J.-C) à l’attention de sa maîtresse Lesbie.J’aime et je hais. Traduction de Lionel-Édouard Martin
Ne me demande pas pourquoi :
Je ne sais ; mais je sens, qui advient, cette croix.

Comment suis-je tombé sur ce livre ? Je ne sais plus. Mais il vaut le détour et Denoël doit être remercié de nous l’offrir avec l’excellente traduction de Jacques Collin.

Publié pour la première fois en 1976 aux USA par Warner Books.

Denoël, 2016, 376 pages, 22€

Lectori salutem, Patrick

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