Jacqueline de Romilly et Monique Trédé – Petites leçons sur le grec ancien

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«Un langage sonore aux douceurs souveraines.
Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines.»

Histoire de la langue grecque, la koiné, offrant aux poètes et prosateurs un instrument sans pareil pour l’épanouissement et l’éclat d’une civilisation encore vivante aujourd’hui dans nos pensées et nos expressions.

Nulle question dans ouvrage de l’enseigner mais le temps de quelques pages d’en dire les beautés. En effet si l’accès aux textes anciens semble être la motivation première de son étude, apprenez que les subtilités de sa grammaire créées concomitamment à l’invention de la comédie, de la tragédie, de l’histoire, de la réthorique et la philosophie politique et morale en ont fait un outil de la pensée depuis leur Vème siècle avant JC jusqu’au moderne XXIème.

Faîtes lire à vos enfants ce petit ouvrage et gageons que les plus curieux se lanceront à l’assaut de ses richesses.

Quelques une de ses subtilités offertes à notre curiosité par les auteurs.

  • Les mots sont autonomes et seule leur désinence finale précise leur rôle dans la phrase. Cette souplesse permet toutes sortes d’effets de sens et de mise en relief. L’usage de l’article et du neutre permet de substantiver n’importe quelle notion pour en faire une idée abstraite.
  • L’invention des mots, composition et dérivation, et la primauté d’Athènes permit une évolution et une homogénéité de la koiné.
  • La richesse et la complexité du système verbal offre des subtilités extraordinaires. Quand l’Indo-européen a deux voix: active, le sujet effectue l’action; passive, le sujet subit l’action. Le gréco-latin invente la voix moyenne: le sujet est intensément impliqué dans l’action.
  • Les temps ressemblent au français, inscription dans la ligne de temps. Mais en plus trois temps expriment l’aspect de l’action grâce à l’aoriste, le présent et le parfait.
  • Et que dire des particules? De ces mots de liaisons permettant d’interpréter l’intraduisible. Quand la langue française juxtapose, la langue grecque utilisent des sortes d’agrafes porteuse de sens: intensives, additives, adversatives, consécutives, causales… »La variation des particules qui permet de savoir si l’assentiment accordé est enthousiaste ou réservé, voire excédé. L’apparente monotonie de nos traductions, parfois leur lourdeur, ne doit pas nous faire oublier que ces particules, si légères, donnent au dialogue sa vivacité et soulignent les nuances les plus fines et les plus subtiles de la pensée. »

Méditation sur les vers du chant VI de l’Iliade par Sémonide d‘ Amorgos.

« Il est une parole, la plus belle qu’ait dite l’homme de Chio: Comme naissent les feuilles, ainsi font les hommes.

Rares sont les hommes qui, ayant entendu ces mots de leurs oreilles, les enregistrent dans leur cœur. Car l’espoir est présent en chacune, chevillé au cœur des jeunes gens. Tant qu’un mortel possède la fleur bénie de la jeunesse, son esprit léger conçoit toutes sortes de projets jamais réalisés. Car il ne s’attend ni à vieillir, ni à mourrir, et tant qu’il a la santé, il n’a point souci de la maladie. Naïfs qu’ils sont d’avoir l’esprit ainsi tourné, et d’ignorer combien bref est le temps de la jeunesse et de la vie pour les mortels! Mais toi, comprends ces choses, et, songeant au terme de la vie, résous-toi à accorder du bon temps à ton âme. »

NB: le vers d’envoi est d’André Chénier (1755-1794) in L’Invention.

Stock, 2005, 176 pages d’érudition pour un léger 15,50€

Source: bibliothèque de versailles

Lectori salutem, Pikkendorff

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