Philippe de Villiers – J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu

Posted by

  • « C’est quoi pour vous l’Idéologie ?
  • « La fuite du Réel. L’Idéologie s’invente un réel qui n’existe pas. Elle s’épanouit dans une temporalité hors du temps. Elle raye d’un trait l’histoire, les racines des vieilles nations, l’homme tel qu’il est. « 
    Entretien entre l’auteur, Philippe de Villiers et Soljénitsyne en Vendée

Par l’invocation de la reductio ad hitlerum, il est probable que l’ouvrage n’atteigne pas le grand public, pourtant ne doit-on pas se questionner sur l’absence de l’Europe Puissance ? Et donc d’évoquer ses prémices et ses Pères fondateurs pour comprendre comment est pensée la transformation démocratique d’une Europe divisée par ses mœurs, ses langues et son passé vers une communauté politique ? Est-elle démocratiquement pensée ou L’union avance-t-elle masquée vers des buts inavoués ? Qui sont vraiment les Pères Fondateurs Monnet et Schuman ? L’Europe est-elle la mère de la paix ou la fille de la guerre froide, un glacis américain

130 pages de notes et de photocopies d’archives !
Cette publication dérangeante et à charge à plus d’un titre est bâtie sur le travail de quatre équipes de recherche dans les archives récemment déclassifiées à Washington, Stanford, Lausanne, Berlin, sauf à Bruxelles qui les conservent cadenassées. Un aveu ?

Monnet, un Père Fondateur ou un ennemi de la France
Jean Monnet, l’agent de Roosvelt écrit à ses patrons, in Archives de la bibliothèque présidentielle de Roosevelt, 1943.

« Le discours de de Gaulle est le type parfait du discours hitlérien et l’application de ses méthodes. Ceci étant, il faut se résoudre à conclure qu’une entente est impossible avec lui :

  • Qu’il est un ennemi du peuple français et de ses libertés
  • Qu’il est un ennemi de la reconstruction européenne dans l’ordre et la paix
  • Qu’en conséquence il doit être détruit dans l’intérêt des Français, des Alliés et de la paix. »

En Juillet 1986, l’ancien ministre des affaires étrangères de De Gaulle, connaisseur des dessous des cartes et autres arrière-pensées de l’après-guerre, Maurice Couve de Murville, confie à l’auteur à propos de la genèse de la construction européenne. :

  • Ah l’Europe ! L’Europe des Pères fondateurs ! Cher Philippe, si vous voulez savoir, il vous suffira de tirer sur le fil et tout viendra…
  • Sur le fil ? Mais quel fil ?
  • Sur le fil du mensonge

Quelques extraits et passages où il est démontré que :

  • les mémoires de Jean Monnet, la bible des étudiants et politiques, loin d’être un témoignage de première main d’un Père fondateur, est une œuvre extérieure à son auteur, un travail de reconstruction historique, un outil de propagande, payé par les USA(Fondation Ford) rédigée par François Fontaine, haut fonctionnaire européen.
  • L’autre Père fondateur, Robert Schuman (1886 – 1963), exempté mais incorporé soldat allemand de 1914, député de la IV, vota les pleins pouvoirs à Pétain et fut ministre de Vichy, ne s’engagea pas dans la résistance, tenta de prendre les armes quand Niké avait choisi son camp avant d’être chassé comme produit de Vichy, fut frappé d’indignité nationale levée par De Gaulle en Septembre 45 permettant au sacristain d’être élu député de la Moselle et de s’engager aux côtés de Jean Monnet. Un choix étonnant avec un tel CV.
  • Jean Monnet (1888 – 1979), un exempté pour des raisons de santé qui partit à Londres lorsque sa classe d’âge de Cognac prirent le chemin des tranchées, cet embusqué et homme d’affaires sut développer grâce aux réseaux maçonnique des relations avec les américains et les anglais jusqu’à être anobli baronnet. Il sera donc un Sir Jean en bonne santé personnelle et financière à la sortie de la Grande Guerre. Il sera conseiller diplomatique de Roosevelt, un agent du Département d’État américain lors de la deuxième.
  • Le Traité de Rome (Mars 57) établit un équilibre des pouvoirs contraire aux principes démocratiques : Le pouvoir législatif sans droit de proposition est confié aux gouvernements et le pouvoir exécutif à une Commission dotée du monopole d’initiative des lois composée de membres non élus.
    • Jean-François Deniau : « Nous, les négociateurs, avons livré volontairement en 1957 un traité soigneusement ambigu, capable de toutes les évolutions d’une marche en crabe vers l’intégration irréversible. »
  • La construction européenne progresse sous l’égide d’un despotisme éclairé
    • Tommaso Padoa-Schioppa, père de l’Euro : « Entre les deux pôles du consensus populaire et du leadership de quelques gouvernants, l’Europe s’est faite suivant une méthode que l’on pourrait définir ainsi : le despotisme éclairé. »
    • Jacques Delors : « Cette construction à l’allure technocratique, progressant sous l’égide d’un despotisme doux et éclairé, doit se transfigurer dans un projet porteur de sens. »
  • Le premier Président de la Commission Européenne, Walter Hallstein, avait ses classes comme Officier-Instructeur national-socialiste entre autres collaborations avec le régime nazi, ceux que Hannah Ardent décrit comme la banalité du mal. De Gaulle eut sa peau lors de l’incident dit de la chaise vide mais tout de même…
  • Le quartier Schuman à Bruxelles est la capitale mondiale du lobbying : 25 000 lobbyistes estimés pour 11 250 déclarés dont 50% des anciens commissaires, 33% d’anciens parlementaires et 25% d’anciens fonctionnaires. Citons le plus emblématique, José Manuel Barroso, ex-Maoïste portugais, ex-Président de la Commission recruté en 2008 par Goldman Sachs, banque au cœur de la crise de 2008 et du maquillage des comptes de la Grèce, pour laquelle il milite contre le durcissement des règles sur l’industrie financière.
  • L’Idéologie règne à Bruxelles et que l’extrême gauche s’est parfaitement reclassée comme en témoigne la carrière de Cohn Bendit ou de Juan Manuel Barrosso. L’idéologie se glisse jusque chez le lisse et soi-disant homme de droite Édouard Philippe qui est capable d’écrire à propos de responsable d’un génocide de millions de vietnamiens: « L’austérité du bureau de Hô Chi Minh montre combien le travail et le calme, la détermination et la constance servent les projets des États. ».

Citations

  • Conversation de l’auteur avec Jean-François Deniau (1928 – 2007), ENA inspecteur des finances, membre permanent de la délégation française à Bruxelles dès 1956, rédacteur du préambule du Traité de Rome.
  • Tommaso Padoa-Schioppa, propos rapportés par Jacques Delors lors de sa conférence en 1999 en la Cathédrale de Strasbourg
  • Jacques Delors : Conférence de Jacques Delors, 1999 en la Cathédrale de Strasbourg
  • Walter Hallstein : page 221 du Dictionnaire des personnalités du III Reich. Qui était quoi avant et après 1945, Ernst Klee, historien
  • Édouard Philippe, Hanoï, 2 Novembre 2018, écrit sur le livre d’or : « L’austérité du bureau de Hô Chi Minh montre combien le travail et le calme, la détermination et la constance servent les projets des États. ».

Fayard, 2019, 282 pages plus 130 pages de notes et de photocopies d’archives, 23€ bien mérité eu égard au travail de recherche

Lectori salutem, Pikkendorff

Inscrivez-vous pour recevoir une notification mensuelle des dernières chroniques !

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *