« – Ce n’est pas la musique qui intéresse ces deux hommes. – Alors quoi ? – Le trésor. Ce sont d’authentiques crapules, ils viennent de familles de crapules. Ils ont l’avidité dans le sang. »
Agostino Steffani (1654-1728), diplomate, Evêque, compositeur génial et chanteur émérite, quitte l’Italie (1667) pour Munich (1667-1688), puis vécut à Hanovre (1688) et à Düsseldorf (1703) puis à Hanovre (1709) jusqu’à ces fins dernières en l’an de grâce 1728. Il fut mêlé de près à l’assassinat de Philipp von Königsmarck (+1694) supposé amoureux de Sophie-Dorothée épouse de l’Electeur de Hanovre qui deviendra Georges Ier, Roi de la perfide Albion.
Qui a tué Philipp ? La monarchie britannique est-elle impliquée ? Nul ne le sait. Le mystère reste bien caché et les pistes fermées à peine ouvertes.
Trois siècles plus tard, la musicologue et polyglotte Caterina se voit chargée de rechercher les preuves de l’existence du testament de l’Evque/Diplomate/Espion/Compositeur. Ces papiers sont contenus dans deux malles mystérieusement réapparues par une louche intervention vaticane. Un homme suit Caterina la nuit, ses courriels sont piratés, les Joyeux du Paradis….
« Tanto fumo. Poco arrosto » (p 86. beaucoup de fumée, peu de rôti)
Oddio, je sors déçu et un peu perdu de ce roman trop long ou trop court. Pourtant je l’ai lu au calme avec, dans l’oreille, la musique du 17ème de « Mission », ce magnifique ensemble d’aria de Agostino Steffani proposés par Cécilia Bartoli. Baroque primitif peut-être mais moderne en tout et magnifique surtout !
« Et pourquoi la musique baroque en particulier ? Mais c’est une musique moderne. Elle est fortement rythmée et pleine d’airs facile à retenir. Et en plus elle laisse les chanteurs libres d’improviser. Quand ils arrivent à la fin d’une aria, ils peuvent se lancer dans une variation des thèmes qui ont précédés ; soit le chef d’orchestre les écrits, soit ils reprennent celles écrites par d’autres, soit ils inventent les leurs. »
Que ce passe-t-il ? Où sont les couleurs de Venise ? Où est passé ce charme, cette force des personnages caractérisant les livres de Donna Leon, la mère du commissaire Brunetti. A part la drôle et surprenante Tina-Lina, sœur de Caterina, les personnages manquent de vie et d’épaisseur. Pourtant ils sont présents, prêts à servir : Roseanna, le dottore Moretti, Stievani et Scapinelli.
L’intrigue tombe à plat et l’on se prend à se lasser de lire 5 ou 6 fois que que Steffani est musicien, prêtre et diplomate et que Caterina est musicologue, chercheur et documentaliste.
Ne négligeons pas ces moments trop courts où Caterina arrive à nous faire partager sa passion pour la musique, ses sensations, ses émotions.
N’oubliez pas de cliquer sur ce lien pour écouter Agostino Steffani et son Niobé
La traduction de William Olivier Desmond est efficace et ce grand traducteur admirateur de Cioran, Melville ou Dostoïevski, est fidèle à sa réputation.
Calmann-lévy, 2012, 285 pages, 21,50€
Lectori salutem, Patrick