Elisabeth de Fontenay et Alain Finkielkraut – En terrain miné

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« L’opinion que nous défendons n’est que notre hypothèse préférée, nécessairement imparfaite, probablement transitoire, que seuls les très bornés peuvent faire passer pour une certitude ou une vérité. Contrairement à la puérile fidélité à une conviction, la fidélité à un ami est une vertu, peut-être la seule, la dernière. »

Une extraordinaire disputatio cultivée et bienveillante. Un exemple à suivre aujourd’hui alors que la tolérance moralisatrice est devenue un culte sans indulgence.
« Qu’est-ce qu’une morale qui se soucie comme d’une guigne des effets différés de ses actions. »

Elle, Maître de conférence émérite de philisophie à la Sorbonne, Lui, Professeur émérite à l’Ecole Polytechnique et membre de l’Académie française, compagnons de route partageant une fidélité à leur appartenance juive et à l’enchantement par le génie du christianisme, voient se lézarder leur vieille amitié à cause de leurs choix et celui de leurs entourages. Choisissant l’échange épistolaire, ces deux intelligences affrontent leurs différences, cherchent leurs points communs, mettent au jour leurs points aveugles en donnant à chacun une leçon de respect et de tolérance.

  • Elisabeth, heurtée par son non-négociable issu de son quant-à-soi social-démocrate : droits de l’homme, égalité effective et racisme, aimerait n’être plus séparée que par du négociable.
  • Alain ouvre le bal par cette citation de Milan Kundera dans Une rencontre, posant que ses opinions ne sont que transitoires, qu’il est affecté par les idées et les évènements, et que l’idée de la possibilité de la fin de la France marque une évolution dans son parcours intellectuel.

Pas de tabous ! Tous les sujets seront posés sur la table.
Doit-on interpréter le monde ou le transformer ; peut-on excuser la cécité par la générosité ; l’Islam est-il un fait social, politique et religieux. Et la droite et la gauche, l’identité ou le social, la France, nous, eux…

L’un et l’autre se heurtent sur une question essentielle : vivons-nous des évènements ou une époque ?
Car si un événement peut être effacé par un autre événement l’on ne revient pas sur une époque.

« Il faut avoir le courage de l’avouer, Madame : longtemps nous n’avons pas compris la révolution dont nous sommes les témoins ; longtemps nous l’avons prise pour un événement. Nous étions dans l’erreur : c’est une époque et malheur aux générations qui assistent aux époques du monde. »

Joseph de Maistre (1753-1821), Lettre à la marquise de Costa, 1794.

Stock, Septembre 2017, 264 pages d’intelligences pour un léger 19,50€

Lectori salutem, Pikkendorff

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