« La politique est, avec l’économie et les médias, la religion du monde moderne. Il n’y a rien d’étonnant à cela. L’État se faisant passer pour Dieu et la société attendant qu’il soit Dieu. D’où l’apparition d’un monde dominé par la sécurité et par trois éléments censés assurer celle-ci : l’État, la surveillance et les alertes. »
Puisant dans une profonde érudition, un engagement puissant et une forte conviction, l’auteur, de son écriture hachée et rythmée, fait apparaître l’ennemi de l’humanité : l’orgueilleux homme-Dieu sur la route du transhumanisme, cette illusion de progrès, ce destructeur du réel, de la vérité et de la vie.
« En poussant les esprits à ne plus oser penser par peur de passer pour intolérant, la tolérance vue par l’homme-Dieu est le crime parfait de la postmodernité contre l’esprit. »
Les titres des trois ouvrages tous parus chez Le Passeur éditeur. rassemblés sous le titre de Transhumanisme : la grande illusion valent plus qu’un grand discours :
- La tentation de l’homme-Dieu,
- Traité de résistance pour le monde qui vient
- La destruction du réel »,
« Nous pouvons devenir les victimes de l’homme-Dieu. Nous pouvons aussi ne pas le devenir. Il suffit pour cela de cesser de croire naïvement qu’il est la définition de l’homme et que le règne sans partage de l’illimité, de l’égalité et de la sécurité qu’il prétend installer est la clef de la liberté, de la justice et du bonheur. »
Samedi 19 novembre 2022 à 14h30 « Transhumanisme, intelligence artificielle et homme augmenté »
S’il y a le Dieu qui s’est fait homme, il y a l’homme qui se fait Dieu. Les quatre humanismes que le monde a connus et connaît encore :
- Le héros plein d’énergie représenté par les capitaines d’industrie, les sportifs, les aventuriers, jusque dans les pathétiques selfies : Une religion de la sculpture de soi-même.
- Le libertin défiant la morale et la loi, le nihiliste, anarchiste, ultra-individualiste, l’homme révolté de Camus, un apogée de l’humanisme du héros ?
- Le révolutionnaire aspirant à libérer le genre humain là où le héros et le libertin ne visaient que l’émancipation de la personne. Ce révolutionnaire se retrouve dans le positivisme, une religion de la science, dans les socialisme et communisme, religions sociales, et le nationalisme, religion nationale.
- L’humanisme moral ou l’amour sans Dieu, un amour universel de la personne humaine sacralisée, un homme-Dieu tout-puissant, sans mesure, menant aux pires défaites morales.
Un livre à acquérir et à ouvrir pour se rassurer et confirmer que penser que le monde est fou, aux mains avides fanatiques sophistes est une pensée normale.
Quelques citations
« Quand Dieu existe, le monde se doublant d’un monde invisible, la vie ne s’arrête pas aux apparences. D’où un effort pour les dépasser avant qu’elle soit complète. Quand Dieu n’existe plus, parce qu’il n’y a plus d’arrière-monde, quand tout est ramené au corps et à la matérialité, on tombe dans {…} l’ère du vide une ère dans laquelle on se pose plus de questions, dans laquelle l’interrogation métaphysique a disparu. »
« Rien n’évoque plus la fin du monde qu’un homme qui court seul droit devant lui sur une plage, enveloppé dans la tonalité de son walkman, muré dans le sacrifice solitaire de son énergie, indifférent même à une catastrophe puisqu’il n’attend plus sa destruction que de lui-même. » Jean Baudrillard, Amérique, Grasset, 1986, page 77.
« La postmodernité est marquée par la judiciarisation, les citoyens ayant tendance à mêler la loi à tout, et la loi à se mêler de tout. D’où un double phénomène, à savoir la montée de la toute-puissance de l’individu par rapport au droit et du droit par rapport à la société. Montée proportionnelle à la disparition de la notion de devoirs. » Un phénomène déjà anticipé par Jean Racine dans les Plaideurs.
Et un espoir, être un Veilleur
Dans un discours le 26 juin 2013 devant le Conseil de l’Europe, les Veilleurs expliquent n’avoir qu’un seul but : « Donner l’étincelle qui permettra l’embrasement d’un véritable réveil de conscience par la médiation de la culture, de la pensée et des arts… Plutôt que la sage pensée des philosophes, l’Europe a, pour l’instant, choisi de suivre la voix trompeuse des sophistes. Elle a choisi de perdre son âme dans une illusion démiurgique digne de Protagoras lorsqu’elle affirme que l’homme étant la mesure de toute chose, celui-ci peut à sa guise nier la réalité du mariage, de la filiation, de l’altérité et de la complémentarité des sexes, en vidant ces mots de leurs sens.
Être un veilleur c’est refuser de se laisser fourvoyer par ces sophistes des temps modernes en disant haut et fort à la suite de Socrate, que si aujourd’hui l’homme est à la mesure de toute chose, demain la folie deviendra la mesure d’un tel homme.
Être un veilleur, c’est à la suite de Socrate, être prêt à obéir à la seule voie de sa conscience, malgré le blâme et la condamnation publique pour cause d’amour et de sagesse. »
Veilleurs, le Centurion, 2013, page 11
https://www.editions-lecenturion.fr/fr/produits/produit/47/veilleurs
paru chez l’éditeur Le passeur , 2019, 590 pages au format poche pour moins de 10€ !
Lectori salutem, Patrick