« Il faut se débrouiller, Donato. Souviens-toi de cela. Se débrouiller. Ne te laisse pas dire ce qui est illégal, interdit ou dangereux. La vérité, c’est qu’il faut nourrir les siens et c’est tout. »
Une atmosphère envoutante attire inexplicablement le lecteur de cette évocation de l’Italie du Sud au fil d’un siècle – 1875 à 1980 – de générations des Scorta, les mangeurs de soleil ; un roman magnifique sur l’existence, le brûlant soleil des Pouilles, la vie, la nécessité, le désir, l’argent, la terre rocailleuse, la mer, l’huile, l’éternelle olive.
Lisez cet ouvrage non parce qu’il a remporté le prix Goncourt en 2004 mais pour sa saveur particulière, sa langue, son évocation d’un autre temps, d’autres hommes, d’autres nous.
Luciano Mascalzone
« Le sort s’est joué de moi. Avec délices. Et le soleil se rit de mon erreur. J’ai raté ma vie. J ‘ai raté ma mort… Je suis Luciano Mascalzone et je crache sur le sont des hommes. » page 29
Rocco, le brigand, auquel le curé Zampanelli dit : » Tu es venu à moi. Je t’ai offert mon écoute. Il n’est pas en mon pouvoir de la refuser à une créature de Dieu, mais t’absoudre, cela Je ne peux pas. Tu te présenteras à Dieu, mon fils, et il te faudra s’en remettre à sa colère. » page 53
Les fils Domenico » Ma va fan » culo », Guiseppe, Carmela et Raffaele
Guiseppe à Donato (son fils) : « Il faut se débrouiller, Donato. Souviens-toi de cela. Se débrouiller. Ne te laisse pas dire ce qui est illégal, interdit ou dangereux. La vérité, c’est qu’il faut nourrir les siens et c’est tout. » page 170.
« Il fait trop beau. Depuis un mois, le soleil tape. Il était impossible que tu partes. Lorsque le soleil règne dans le ciel, à faire claquer les pierres, il n’y a rien à faire. Nous l’aimons trop cette terre. Elle n’offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d’entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil, Elia. Sa chaleur, nous l’avons en nous. D’aussi loin que nos coups se souviennent, il était là, réchauffant nos peaux de nourrissons. Et nous ne cessons de le manger, de le croquer à pleines dents. Il est là, dans les fruits que nous mangeons. Les pêches. Les olives. Les oranges. C’est son parfum. Avec l’huile que nous buvons, il coule dans nos gorges. Il est en nous. Nous sommes les mangeurs de soleil. Je savais que tu ne partirais pas. S’il avait plus ces derniers jours, peut-être, oui. Mais là c’était impossible. » page 173
« Le solleone, le « soleil_Lion », l’astre tyran des mois d’été. La liqueur sentait la sueur qui perle sur le dos des hommes lorsqu’ils travaillent aux champs. Elle sentait le cœur rapide du lézard qui bat contre la roche. Elle sentait la terre qui s’ouvre et se craquelle en suppliant un peu d’eau. Le solleone et sa puissance de souverain inflexible, c’est cela qu’Elia avait en bouche. » page 207
Actes Sud, 2004, collection Babel, 285 pages pour un léger 8,20€
Lectori salutem, Pikkendorff
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