
« Ici, il ne reste rien de la guerre que les égorgeurs de Dieu ont menée il y a quelques années. Rien que moi, avec ma longue histoire qui s’enroule et se déroule, t’enveloppant comme une corde nourricière. C’est ce qui rend les gens si nerveux autour de moi quand ils me croisent en bas de l’immeuble. Peut-être qu’ils se doutent que, par le trou de ma gorge, ce sont les centaines de milliers de morts de la guerre civile algérienne qui les toisent. » (page 43)
Quelle langue pour dire la violence, pour raconter la mémoire effacée, pour libérer les récits des dix années de guerre civile enfouis sous la loi et la honte des hommes ? Quelle langue pour dire la femme, les femmes dans une Algérie effaçant la richesse de la moitié de son humanité ?
Le choix de l’auteur : Un poème en prose dans sa langue intérieure, la langue française, ciselée pour hurler l’indicible.
Un défi littéraire, culturel et politique à lire pour entendre l’autre et parfois penser contre soi.
« Je peux au moins te révéler mon prénom. Je le porte comme une enseigne lumineuse dans la plus noire des nuits. Je m’appelle Aube. Fajr dans ma langue extérieure. Aube dans ma langue intérieure. » (page 19)
Extrait de La Grande Librairie : https://youtu.be/AFmo8UgVqK0?si=X6GwD5FrMyLGoeec
« Je m’appelle Hamra et parfois je doute que ce soit mon prénom, je l’avoue. Un seul visage ne suffit pas quand on a plusieurs vies et plusieurs morts. C’est ce que je souhaite, ma sœur : que tu obtienne des droits pour nous, les femmes violentées, les femmes enceintes sans père, les accusées, les terroristes, les kidnappées, les vierges perdues… Aujourd’hui, il ne me reste plus qu’un honneur : ma fille. » (page 356)
Petite critique : Le livre ne s’offre pas, certains lecteurs abandonneront trouvant le style ampoulé, amphigourique. Et ils n’auront pas tort non plus.
Site de l’éditeur : https://www.gallimard.fr/catalogue/houris/9782072999994
Gallimard, NRF, 2024, 411 pages, 23 euros libérateurs
Lectori salutem, Pikkendorff
One comment