
«La tragédie essentielle n’est pas de savoir quels dangers nous menacent, mais de définir d’abord ce qu’ils menacent en nous, car il importerait assez peu que nous fussions détruit, si avions rendu cette destruction légitime en ne valant presque rien.» Abel Bonnard, Les modérés.
Quatrième ouvrage de cet auteur radical à la plume sèche et hachée préférant le hurlement du loup à la lune à à la contemplation, l’intuition à la pensée discursive. Le lecteur y retrouvera , moins bien exprimés, les idées et concepts philosophiques traversant l’histoire humaine depuis plus de 2 000 ans. Un cri pour appeler chacun à se transformer pour devenir libre, pour faire advenir le loup à la place du chien, oubliant l’aliénante récompense au nom de l’audacieuse liberté.

Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu’importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.
«Je n’ai signé aucun pacte secret, je n’adhère qu’au réel, ce qui interdit toute engagement, politique.» page 125)
- Contre les socialistes avec leur cortège de woke, d’affairistes et de bureaucrates représentés en France par la nébuleuse NFP, les macronistes de tous poils et les UMP/LR, l’auteur aux USA sera classé libertarien, sous Rome comme Stoïcien, en France, en 2024, il serait quelque part à droite.
- A droite puisqu’il nous semble comprendre qu’Obertone, à la foule médiocre préfère la force, le goût du risque, la discipline sur soi, le contrôle de soi, ascèse, méditation, exercice, lecture, silence… «Avant d’envisager le surhomme, soit donc cet homme. Tout dépend de toi, voilà la bonne nouvelle.» (page 129)
« La démocratie est un beau système très moral, dans lequel des factions hargneuses se disputent l’argent que l’État nous extorque. C’est légal, légitimé par le nombre. Un magnifique jeu politique qui consiste à renoncer à toute intelligence au profit des partis contrôlés par leurs membres les plus machiavéliques. » (page 54)
« Les intellectuels, personnages médiocres et improductifs, passent comme des rats leur temps à ronger tout ce qui a l’air solide. Façon Socrate, ils empoisonnent les esprits de leur fourberie verbale. Le sens commun, tout ce qui est, tout ce que nous sommes, tout ce qui dure. D‘autres asticots à la mode, épanouis dans l’autodestruction. Bref, la gauche t’offre un poste d’agent nuisible à l’âme pure. » (page 120)
Rappel des lectures précédentes
- Orange Mécanique, 2013, un succès de librairie assez indigeste qui a permis le déplacement de la fenêtre d’Overton sur la réalité de la délinquance en détaillant grâce à un travail de bénédictin sur les chiffres de feu l’ONPD, et l’apparition de l’auteur sur la scène politico-médiatique prônant la réduction du poids de l’État, la prise en main par l’individu de son avenir, et l’assistanat vu comme une domestication.
- Guérilla, le temps des barbares, 2015, alors qu’est réédité pour la troisième fois Orange Mécanique, Obertone, de cette plume sèche et rude propose un roman d’anticipation, une sorte de Camp des Saints sans le style brillant de Jean Raspail.
- Suivi ensuite Guérilla, le jour où tout s’embrasa, le meilleur de ses romans, avec le Capitaine d’Anjou et d’autres personnages forts et des situations réalistes jusqu’au coup de sifflet final.
Pour approfondir
- Lire la fable Le loup et le chien de Jean de Lafontaine (Livre I, 5)
- Exergue : Citation utilisée page 187 sans en donner l’auteur mise en exergue de cette chronique pour nulle autre raison que la beauté de la plume d’Abel Bonnard : « La tragédie essentielle n’est pas de savoir quels dangers nous menacent, mais de définir d’abord ce qu’ils menacent en nous, car il importerait assez peu que nous fussions détruit, si avions rendu cette destruction légitime en ne valant presque rien. » Abel Bonnard in Les modérés, éditions Grasset,1936
Comme dans les précédents ouvrages, les citations ne sont pas sourcées. Et c’est agaçant.
Merci à Clément, mon gendre, pour cette lecture qui donne à penser si l’on y pense.
Éditions Magnus, 2024, 252 pages, 21€
Lectori salutem, Pikkendorff