
«Nous cherchons sans relâche comment ajouter de la vie aux jours quand on ne peut ajouter des jours à la vie. Une médecine collective et discrète, tissée de victoires minuscules : une douleurs apaisée, une larme effacée, un sourire partagé. » (page 14)
Un livre pour ceux qui veulent comprendre avant de parler de l’euthanasie, un livre pour construire ses propres réponses avant d’appeler à la liberté sans avoir vécu sa propre fin et l’inconstance de nos désirs.
« Les soins palliatifs sont une médecine lente. Ce qui compte ce n’est pas de pouvoir, ce n’est pas la performance, ce n’est pas le résultat financier. Ce qui compte, c’est d’avoir le temps de prendre soin les uns des autres. » (p 33)
La parole d’une soignante, la parole d’une équipe de soins travaillant à l’ombre de la mort qui a accompagné plus de 13000 patients là-bas à Narbonne, la parole des milliers de soignants attachés à leur vocation : être au coté de celui qui souffre et essayer de le soulager toujours ; de tenir la promesse du non- abandon ; de dire à chacun qu’il a du prix pour nous, qu’il va manquer à notre Communauté humaine. Un cri pour clamer que décidément, non, « donner la mort n’est pas un soin ». (page 127)
« Qui attache encore du prix à une mort bien exécutée » quand 500 français meurent chaque jour sans accès aux soins palliatifs nés il y à 30 ans et inscrits dans la loi Kouchner depuis 1999. Les soins palliatifs sont un progrès inouï : vivre dignement jusqu’à la mort, un éloge du regard. Lier ce progrès social à une loi sociétale est malhonnête.
On y parlera aussi de la crise de l’hôpital, des rencontres avec les divers groupes politiques, les ministres et députés, les conseillers, les communicants et les média en passant du soin, de l’attention, du regard à la « plongée rude et brutale dans l’univers de la pensée brève et instantanée ».
Conclurez-vous cette lecture comme Alexis Jenni, Prix Goncourt 2011: « En arrivant ici, j’étais comme tout le monde convaincu que l’euthanasie est une liberté à laquelle rien de sérieux ne s’oppose. Vous m’avez retourné la tête et surtout vous m’avez donné une vision positive de l’hôpital et du soin. » ( page 140)
Références
- SFAP société française d’accompagnement et de soins palliatifs, société savante et militante pour rendre accessibles à tous les soins palliatifs : https://www.sfap.org
- Article d’Alexis Jenni dans la Croix : https://www.la-croix.com/Debats/Alexis-Jenni-Je-croyais-faciliter-passage-vie-mort-etait-progres-2022-10-24-1201239209
- Dernier Secours : Se former pour accompagner la fin de vie d’un proche, une démarche participative et solidaire :https://derniers-secours.fr
- « Qui attache encore du prix à une mort bien exécutée. » citation de Rainer Maria Rilke dans son unique roman Les cahiers de Malte Laurids Brigge
À propos de l’auteur
Claire Fourcade, présidente de la SFPAP, Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, est médecin dans le pôle de soins palliatifs (EMSP + service de SP + HDJ) de la Polyclinique Le Languedoc à Narbonne depuis 20 ans et est une militante engagée pour une amélioration des conditions de fin de vie et un accompagnement singulier des patients et des familles.
Aller plus loin
- Table ronde sur la fin de vie – des pistes pour réfléchir: https://www.catholique78.fr/2025/01/31/table-ronde-sur-la-fin-de-vie-des-pistes-pour-reflechir/
- Samaritanus Bonus sur le soin des personnes en phases critiques et terminales de la vie : https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20200714_samaritanus-bonus_fr.html
Librairie Arthème Fayard, 2025, 359 pages, une master class d’humanité pour seulement 22,90€
Lectori salutem, Pikkendorff